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BollyWood: Le cinéma à l'eau de Rose
17 septembre 2005

CHALTE CHALTE - 2003

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Le succès semble fidèle au rendez-vous pour Shah Rukh Khan avec son film Chalte chalte que l’on pourrait traduire par « pas à pas ».

Pourtant, rien n’était gagné d’avance, puisque le tournage de ce long métrage avait été suspendu à la suite du problème de santé de la star et du renvoi in extremis de Aishwarya Rai qui devait partager initialement l’affiche avec lui. C’est finalement la douce et irrésistible tigresse bengalie Rani Mukerji qui a été choisie pour remplacer la plus belle actrice du monde ! Shah Rukh Khan et Juhi Chawla, qui ont produit le film, ont dû se frotter les mains car leur choix est judicieux. Pour cette troisième production maison, le roi Khan a fait appel à son ami réalisateur Aziz Mirza, également coproducteur du film, qui avait déjà réalisé Phir bhi dil hai Hindustani, première production et premier échec commercial pour Khan, Chawla et Mirza. Malgré le bide au box-office, les trois comparses ont remis ça avec Chalte chalte et ils ont eu bien raison.

Le film traite de la vie d’un jeune couple marié dans ses beaux et mauvais jours. Lui est un petit patron d’une société de transport logistique issu de la classe moyenne, alors qu’elle est une styliste embourgeoisée qui a grandi en Grèce et est venue vivre en Inde après ses études. Comme prévu, ils se rencontrent et tombent amoureux ! Normal, puisque nous sommes dans un film typiquement bollywoodien !

Le film est partagé en deux parties.

La première est une pure comédie romantique légère. On assiste à la rencontre amusante des deux tourtereaux et au début de leur idylle en Grèce. Ici, notre « chocolat guy » est au top de sa forme ! Coupe parfaite et look impeccable (merci les stylistes indiens !). Il fait des pieds et des mains pour séduire la reine Mukerji. Il utilise toute sa panoplie habituelle de séducteur « made in Bollywood » : son regard de velours, son sourire craquant, ses mimiques légendaires et sa valse qui est apparemment son arme de séduction la plus redoutable (c’est comme ça qu’il fait craquer Kajol dans l’inoubliable Kuch kuch hota hai. Vous vous souvenez ?...).

Sacré Shah Rukh ! On ne se refait pas !... C’est le Shah Rukh Khan des grands jours, celui que ses fans adorent voir ! Celui qui donne l’impression d’avoir 20 ans alors qu’il en a bientôt 40 ! C’est Shah Rukh Khan superstar dans toute sa splendeur !!! Le sexy chocolat Khan ! Bref... Jusque là, tout va bien dans le meilleur des Khans !

La deuxième partie, elle, est plus dramatique. On y découvre l’autre talent de l’acteur : sa faculté de pouvoir être malheureux à outrance ! C’est à ce moment-là qu’il faut préparer son paquet de Kleenex ! En effet, rien ne va plus dans sa vie de couple, car il n’assure pas une cacahuète en tant que mari, sauf peut-être sur le plan... hum hum... ! On peut souligner ici l’attirance de l’acteur pour des personnages imparfaits ou qui ont commis une erreur ayant des conséquences dramatiques. C’était déjà le cas, entre autres, dans Asoka et Devdas. C’est ce qui fait de lui un acteur intéressant, car, même s’il a tendance à ne pas exploiter tout son potentiel, il interprète toujours des personnages plus ou moins complexes, contrairement à d’autres acteurs, comme Sunny Deol qui se contente de jouer au héros irréprochable et bon dans tous les sens du terme.

Dans ce film, la miss Mukerji n’a rien a envier à la « miss World » Rai, aussi bien au point de vue du talent qu’à celui de la beauté ! Bien au contraire, le rôle semble avoir été écrit pour elle ! Elle n’en fait pas des tonnes comme le fait Aishwarya dans des films tels que Dil ka rishta ou Josh. Son interprétation sincère, sa douceur, sa sensibilité, son sourire chaleureux et sa voix légèrement craquante s’équilibrent parfaitement à la pêche et au cabotinage de Khan qui, comme d’habitude, ne peut s’empêcher de sur-jouer, surtout vers la fin. C’est fou ce qu’il aime pleurer, celui-là ! Le le sort semble s’acharner sur la vie professionnelle de son personnage. D’un seul coup, le film devient moins fleur bleue et vire un peu vers le social.

On avait déjà vu ce cas de figure dans un autre film d’Aziz Mirza, avec dans les rôles principaux, devinez qui... ?! Ce cher Shah Rukh et cette chère Juhi ! Mais oui, souvenez-vous d’un des plus gros cartons cinématographiques d’Aziz Mirza ! Je veux parler, bien sûr, de Raju ban gaya Gentleman ! D’ailleurs, on peut déceler d’autres points communs entre ces deux films. Le quartier populaire où vivent Shah Rukh Khan et Rani Mukerji rappelle le quartier populaire où vivent Shah Rukh Khan et Juhi Chawla dans Raju ban gaya Gentleman. Le clochard sympathique de Chalte chalte, interprété par Johnny Lever, fait étrangement penser au clochard sympathique et troubadour interprété par le génial Nana Patekar dans Raju ban gaya Gentleman. Enfin, on retrouve beaucoup de similitudes au niveau du comportement des rôles secondaires. En fait, ces personnages-là n’ont qu’un seul objectif : aimer, soutenir ou encourager les deux stars du film.

C’est ce qu’on pourrait reprocher à Aziz Mirza. Ses personnages secondaires manquent généralement de consistance. Ils restent, en effet, superficiels et peuvent faire penser à la naïveté des personnages secondaires des dessins animés de Disney. En fait, le réalisateur se contente d’utiliser ici ces personnages pour ce qu’ils sont : des rôles de soutien qui mettent en valeur les deux personnages principaux. Ils servent aussi, de manière un peu plus subtile, à transmettre l’émotion aux spectateurs, ce qui n’est pas nouveau dans le cinéma indien. Dans les moments d’intense émotion, ceux sont les premiers à pleurer. Du coup, quand le procédé marche, on pleure aussi. Malheureusement, ici, il ne marche pas (enfin, presque...). Cependant, le personnage de Rahul Baï sort un peu du lot, car son interprète, Satish Shah, lui donne un peu plus de personnalité. Si on continue la comparaison avec Raju ban gaya Gentleman, on se souvient que les personnages secondaires se retournent tous contre Raju, alias Shah Rukh Khan, à la suite d’une erreur fatale de ce dernier. Par contre, dans Chalte chalte, ils aiment tellement Shah Rukh et Rani que certains d’entre eux se prennent la tête même durant leur jogging ! Comme c’est beau, l’amitié vue par Bollywood ! Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil !!!

Pour continuer dans les comparaisons, Chalte chalte surfe sur la vague du succès de Saathiya sans jamais atteindre la qualité et la magie de ce dernier (à noter dans ce film, un petit rôle brillamment interprété par Shah Rukh Khan !). En effet, le thème du jeune couple marié, la présence de Rani Mukerji et les flashs-back incessants de la première partie font irrésistiblement penser au long métrage écrit et supervisé par le maître Mani Ratnam. Malheureusement pour Aziz Mirza, n’est pas Ratnam qui veut !...

Ce qui marche plutôt bien dans le film de Mirza, c’est l’humour. Certes, celui-ci n’est pas très fin, mais cela rend tout de même le film assez agréable. D’ailleurs, la dernière réplique est plutôt drôle. Bien sûr, si on ne comprend pas du tout l’hindi et qu’on a, en plus, du mal à lire les sous-titres en anglais, on ne rigolera pas du tout !

La qualité de la photographie et des prises de vues est irréprochable. Pour cela, on peut dire merci à Ashok Metha pour son travail impeccable et son utilisation efficace de la lumière naturelle qui met en valeur la beauté de l’île de Mikonos dans la première partie.

En ce qui concerne les chansons, la plupart sont des tubes en puissance. On retient très facilement les mélodies telle celle de la très jolie Suno na suno na, la très belle Chalte chalte ou la très entraînante Gum shoda (sur une chorégraphie tonique concoctée par Farah Khan), ainsi que la très gaie Dagarya chalo. Khan, Chawla et Mirza voulaient des chansons qui accrochent le public. Le duo Jatin et Lalit ainsi qu’Aadesh Shrivastava ont réalisé leurs vœux ! Ce n’est d’ailleurs pas par hasard si la plupart de ces chansons occupent de bonnes places dans les hit-parades du nord de l’Inde !... Les séquences visuelles qui illustrent chacune sont le résultat d’une mise en scène, d’une photographie et d’un montage maîtrisés de A à Z. Certes, ce ne sont pas des séquences chantées qui feront date dans l’histoire de Bollywood, mais elles sont quand même agréables à regarder. Personnellement, j’ai un petit faible pour la séquence de Dagarya chalo qui nous propose un voyage drôle à travers l’Inde des campagnes, tout en suivant Khan et Mukerji qui s’amusent comme des petits fous !

En guise de conclusion, on peut dire que Chalte chalte est un film résolument moderne, divertissant et sans prétention. On y retrouve un Shah Rukh Khan qu’on connaît par cœur et qui ne surprend pas. On peut même dire qu’il est prévisible. Rani Mukerji est le rayon de soleil du film. Rien que pour elle, ça vaut le coup d’œil !... Vu sa cote de popularité croissante, on n’est pas étonné de la voir dans ce « blockbuster ». Avec ce film, Khan, Chawla et Mirza ont misé sur la sécurité afin de renflouer les caisses de leur société de production. C’est un peu normal après les échecs commerciaux de Phir bhi dil hai Hindustani et Asoka. Tout en évitant les innovations audacieuses, ils ont utilisé une formule déjà exploitée avec succès par d’autres réalisateurs et producteurs. En d’autres termes, c’est du déjà vu. C’est sans doute la raison pour laquelle on peut dire que ce film est bien, mais sans plus. Il se regarde aisément et s’oublie tout aussi facilement. C’est le genre de film pop corn qu’on regarde après le boulot tout simplement pour se détendre. Après tout, on n’a pas tout le temps envie de voir un chef-d’œuvre ! On se contente de voir un petit film sympathique...

Fiche technique :


Réalisateur : Aziz Mirza
Pays : Inde
Année : 2003
Interprètes : Shah Rukh Khan, Rani Mukerji, Jas Arora, Satish Shah, Jayshreet, Lillete Dudey, Rajiv Verma, Johny Lever, Aditya Pancholi
Scénaristes : Aziz Mirza, Robin Bhatt
Directeur de la photographie : Ashok Mehta
Compositeurs : Jatin-Lalit, Aadesh Shrivastava
Parolier : Javed Akthar
Chorégraphe : Farah Khan
Producteurs : Aziz Mirza, Juhi Chawla, Shah Rukh Khan
Durée : 160 min
Support : DVD Eros, en hindi, sous-titres anglais, grand écran anamorphosé 16x9, Dolby numérique 5.1, NTSC toutes zones
 

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